Qui ne rêverait pas de devenir PDG d’un grand groupe du CAC 40 ? Le parcours pour se hisser au sommet d’une entreprise est, certes long et difficile, mais pas impossible. Une étude réalisée par Bernard Forgues, professeur à l’EM Lyon, se penche justement sur la question. Les résultats révèlent

la stratégie gagnante pour devenir PDG d’une grande entreprise. L’enquête a été effectuée auprès des 100 plus grands PDG, d’après le classement de Fortune. L’équipe de recherche a voulu comprendre ce qu’avaient en commun les carrières de ces grands dirigeants. Alors, quels en sont les enseignements ? Quelle stratégie pour devenir PDG ? Décryptage.

Rester dans le même secteur d’activité pour devenir PDG

L’étude montre d’abord qu’il est préférable de travailler dans un seul secteur d’activité. Sur les 100 profils de dirigeants étudiés, 62 ont réalisé la totalité de leur carrière dans la même branche d’activité. En effet, la moyenne par PDG est d’1,6 secteur. Or, sur ces deux dernières décennies, la tendance est plutôt au changement d’emploi, de secteur et de fonction. Les employés qui veulent rejoindre le cercle très fermé des grands PDG doivent faire des choix. À commencer par celui de la spécialisation dans un seul secteur. En 2022, la plupart des grands dirigeants ont encore et toujours des carrières classiques et linéaires. Le parcours professionnel traditionnel reste la route vers le succès par excellence.

Rester dans la même entreprise jusqu’à la diriger

Plus que travailler toujours pour le même secteur, il s’agit de rester dans la même entreprise. Et longtemps. Ainsi, l’enquête montre que 37 des 100 plus grands PDG ont travaillé toute leur vie pour la même société. Souvent, l’accession au poste de PDG n’est rien d’autre qu’une fidélité récompensée. L’étude va même plus loin en soulignant que la moyenne des employeurs des PDG n’est que de 2,7. Par ailleurs, il faut s’armer de patience. En moyenne, il faut 28 ans à un employé avant qu’il atteigne le poste prestigieux de dirigeant. La promotion au poste le plus élevé n’est donc pas sans sacrifice. Cette longue période de près de 30 ans montre que pour être un futur PDG, il faut patiemment gravir les échelons un à un. D’après l’enquête, les promotions régulières sont un facteur déterminant.

Devenir PDG grâce à des promotions professionnelles régulières

En moyenne, les plus grands PDG étudiés pour l’enquête ont changé de poste près de 10 fois au cours de leur carrière. Entre chaque nouvelle promotion, il s’écoule près de trois ans. Une idée reçue consisterait à croire que l’on devient PDG en accumulant des expériences variées pour multiplier les chances de succès. La réalité du terrain est pourtant différente. Les entreprises continuent à donner la priorité aux parcours linéaires, logiques et cohérent avec des promotions constantes. En revanche, là où les employés peuvent bénéficier d’un coup de pouce pour atteindre le poste suprême, c’est dans la nature des projets. Ceux qui héritent de situations complexes à gérer et qui s’en sortent avec brio témoignent de leurs compétences pour diriger une entreprise. Différents scénarios sont possibles, du produit en perte de vitesse sur le marché au risque de faillite d’une business unit ou d’une filiale. Il ne s’agit donc pas seulement d’avoir la carrière parfaite, mais aussi de faire preuve d’audace et de goût du risque pour se faire remarquer. Parmi les qualités qui distinguent les dirigeants des autres, on trouve l’adaptabilité, la fiabilité, l’esprit de décision et la capacité à agir et à fédérer. Un futur bon PDG est d’abord, et avant tout, un bon manager d’équipe à son échelle. C’est ainsi que, parfois, des salariés sans intention de devenir PDG un jour finissent par accéder à cette fonction ultime.

Devenir PDG n’est donc pas qu’une question de détermination. C’est aussi une question de patience et de cohérence du parcours professionnel. L’étude de Bernard Forgues sur les carrières des grands patrons témoigne d’une certaine rigidité des entreprises. Pour devenir PDG un jour, il vaut mieux être conservateur dans ses choix de carrière. Rester dans le même secteur, rester dans la même entreprise, profiter de promotions régulières et savoir saisir les opportunités quand elles se présentent. Voilà comment les dirigeants continuent – majoritairement – à se préparer à leur prise de pouvoir. Reste à voir si la nouvelle génération de dirigeants, notamment du côté des startups, viendra casser les codes.